West Coast
AVENTURE
Arthur’s Pass, la réputée traversée de l’île du Sud. De Christchurch à Greymouth, les paysages évoluent et se diversifient.
Cela commence par les montagnes pelées si communes à cette moitié du pays, probablement le terrain de jeu idéal des adeptes de sports d’hiver.
Nous fîmes halte pour deux cascades, une mignonne, et une vraiment impressionnante. Autant j’ai craché mes poumons pour atteindre le point de vue, autant les 113 mètres d’eau dégringolant avec grâce et volupté en valaient la peine. C’est probablement la plus haute cascade qu'il m’ait été donné de voir de près et, rien que pour elle, cette traversée valait le coup.
Nous nous sommes ensuite arrêté·e·s à côté d’un viaduc, pas tant pour la vue que dans l’espoir d’apercevoir un Kea, ce grand perroquet des montagnes. Le spot était réputé pour sa présence, mais la chance ne fut pas de notre côté à ce moment-là.
Nous poursuivîmes donc notre route, observant les montagnes se couvrir d’une végétation abondante et aux allures beaucoup plus tropicales que ce à quoi nous nous étions habitué·e·s depuis quatre mois dans le pays.
Puis, finalement, les montagnes luxuriantes s’ouvrirent pour laisser apparaître la mer Tasman. Une nouvelle étendue d’eau salée à ajouter à ma liste des baignades !
Comme il était encore tôt, direction Hokitika Gorge pour une balade en forêt longeant la rivière du même nom et à la couleur d’un bleu surnaturel qui me rappelait celui de Montanejos, la ville thermale proche de Valencia.
Puis, petite douche dans la rivière suivie d’une enthousiaste chasse au pounamu. Il est en effet possible de trouver du jade à l’état brut sur les berges de la fameuse rivière, ainsi que sur certaines plages.
C’est donc les bras chargés de cailloux que nous nous dirigeâmes vers le Woodstock hôtel qui, apparemment, permettait aux vans d’occuper son parking pour la nuit.
Je n’ai pas pour habitude de détailler les endroits où l’on se gare pour dormir, mais il y a beaucoup moins d’infrastructures disponibles et indiquées sur la côte Ouest de l’île du Sud, nous avons d’ailleurs trouvé celui-là suite aux conseils du propriétaire de notre prochain house-sit.
Donc, si jamais tu te trouves en vadrouille du côté de Hokitika, le Woodstock hôtel est une taverne tenue par des gens très sympathiques, qui brassent leur propre bière et laissent la porte des toilettes ouverte durant la nuit pour que les voyageur·se·s (sans condition de consommation) puissent les utiliser.
Et surtout, le gros point fort, il se trouve à 5 min à pied d’un glow worm dell. De jour, cela ressemble à une grotte avec une entrée à peine visible, mais qui débouche en réalité sur un vallon découvert lors de l’exploitation minière au siècle avant-dernier et qui pourrait servir de décor à Tomb Rider avec ses parois rocheuses couvertes de végétation. La dernière fois que j’avais vu un endroit pareil, c’était au Cambodge, près de Battambang.
Mais c’est surtout de nuit que la magie s’opère : les parois s’illuminent alors d’un bleu brillant, faisant de l’ombre au ciel étoilé au dessus de nos têtes. Des centaines de vers luisants ont élu domicile dans ce petit coin protégé et nous ont émerveillé·e·s comme des gosses (état dans lequel nous devrions de toute façon essayer de nous maintenir au maximum).






Le lendemain, c’est plein·e·s d’espoir que nous apportions nos trouvailles vertes à un atelier spécialisé en pounamu. Mais il s’avère que nous n’avions débusqué que du quartz et de la serpentine (qui sont aussi des pierres aux vertus intéressantes en lithothérapie, mais pas exploitables à ce moment précis). C’est donc parmi des pierres fournies par l’atelier que nous avons choisi celles que nous allions transformer en pendentifs.
Si tu me suis un peu, tu me connais, j’adore créer et laisser s’exprimer mon imagination. J’ai donc été un peu frustrée quand on m’a donné une feuille et un crayon pour dessiner en un quart d’heure le design de ma future création. C’est de ma faute, je m’étais persuadée que les options seraient limitées et que je devrais choisir entre diverses formes de pendentifs définies, suivre un patron. J’ai donc paniqué quand on m’a laissé carte blanche, j’aurais voulu plus de temps pour méditer dans mon coin sur la forme que j’allais donner à ce talisman unique.
Ne voulant pas retarder tout le monde, j’ai suivi mon instinct et dessiné un triangle pointant vers le bas, symbole de la polarité Yin à laquelle j’essaie de faire de plus en plus de place dans ma vie. Au centre, j’ai gravé une spirale, représentant non seulement l’eau, la fluidité, la créativité et les émotions, mais aussi les cycles infinis de la vie, l'évolution, le renouvellement. Qui plus est, c’est un symbole souvent utilisé en art maori, et je voulais que mon œuvre fasse également hommage au lieu de sa création.
Puis des petits traits dans les coins, pour faire rayonner le tout et ajouter ma patte. La myriade de points n’était pas prévue, je suis un peu partie en freestyle une fois la machine en main.
L’expérience nous a beaucoup plu et nous a donné envie de nous lancer dans la gravure de pierres semi-précieuses (encore une activité créative manuelle à ajouter à la liste interminable de nos passions à explorer hihi). Le résultat n’est pas parfait, mais ce sont nos créations à nous. C’est nous qui avons façonné le jade pour amplifier son énergie déjà puissante et nous l’approprier. Et ça, c’était vraiment chouette.
Puis direction Westport pour un coucher de soleil sur l’horizon. Dani ayant vécu toute sa vie sur la côte Est espagnole, il n’en a jamais vu. Nous choisissons donc un site en bord de plage et jouons au jeu offert par Juliette en attendant que le soleil se couche… dans les terres. Pas si orienté à l’ouest que ça, Westport. Oups. Ce sera pour une prochaine fois.
Le lendemain, nous nous dirigeons finalement vers le nord, sans croiser âme qui vive ni réseau ni radio durant quelques heures. Objectif Abel Tasman et la Golden Bay avant de reprendre le house-sitting à Nelson.
Mais ça, je te le conterai une fois que notre séjour dans la ville ensoleillée touchera à sa fin.
✧ Merci de m'avoir lue ✧




Nous avons ensuite pris la route pour Greymouth, l’une des principales villes de la côte Ouest, mais la météo s’est alors déchainée et nous nous sommes réfugié·e·s dans un aquaparc histoire de compenser pour toutes ces heures perdues de yoga en nageant, ainsi que de profiter d’une douche chaude.
Le lendemain, nous parcourions la route entre Greymouth et Westport qui est, pour le moment, la plus belle que j’aie vue dans ce pays. Des heures à longer la côte sauvage avec, sur notre droite, les montagnes recouvertes de jungle luxuriante et, sur notre gauche, les vagues déchainées.
Nous nous arrêtâmes pour remonter une rivière qui pénétrait dans cette végétation aux allures tropicales, ainsi que pour nous faire éclabousser par des geysers naturels. Encore un moment phare de ce voyage pour moi.
On a beau dire, oui, la montagne est belle, elle est force et stabilité. Mais rien ne peut rivaliser avec les vagues impétueuses d’une mer indomptable. C’est la liberté, l’immensité. Et la voir se fracasser contre les falaises, puis remonter les cavités creusées avec le temps et exploser sur plusieurs mètres au-dessus de la roche, donnant vie à de petits arcs-en-ciel magiques, c’était vraiment grisant. J’y serais restée des heures.
C’est cela, pour moi, le fond caché derrière la question « Et toi, t’es plutôt mer ou montagne ? » :
Est-ce que tu préfères travailler dur et escalader la roche solide pour être récompensé·e au sommet, ou te laisser porter par le flot de la vie, libre comme les vagues qui se renouvellent à l’infini ? Il n’y a pas de mauvaise réponse, mais moi, je sais ce que je choisis !
⇠ Les vers luisants, ils sont difficiles à capturer en photo mais, vraiment, c'était enchanteur.