MON Expérience Vipassana
AVENTUREDÉVELOPPEMENT PERSONNEL


1. La Distraction
À la fin du léger dîner, la manager (bénévole, comme l’ensemble des personnes présentes dans le centre) fait l’appel pour vérifier que tout le monde est là.
Entendant un nom aux sonorités hispaniques, je me retourne par curiosité, et c’est là que je la vois : Carolina.
Pour te donner du contexte : trois ou quatre jours plus tôt, alors que nous étions encore à Tauranga, Dani et moi avions déjeuné dans un charmant petit café végane en revenant de rando. En y entrant, la première chose que j’avais remarquée était une personne en pleine méditation, avec le bras gauche couvert de tatouages marins. Lorsqu’elle s’était levée pour prendre notre commande et que j’avais croisé son regard multicolore, j’avais eu un coup de cœur. Le genre qui te fait balbutier et te sentir comme un gamin de douze ans qui rencontre la nouvelle copine de sa grande sœur et est tout impressionné.
Le lendemain, j’avais décidé d’y retourner en étant un peu plus présentable, en espérant la recroiser, mais ce n’avait pas été possible. Juliette avait alors plaisanté en disant que si c’était écrit, je la retrouverais à 300km de là, dans le centre Vipassana.
Je n’aurais jamais cru qu’elle puisse avoir raison.
Retour au Dhamma Medini Centre.
J’entends le nom de Carolina, je la vois, les battements de mon cœur s’accélèrent. Ne l’ayant que brièvement observée dans le café, je dois confirmer qu’il s’agit bien d’elle. Je prie alors pour que, si c’est le cas, on m’envoie un signe et que, lorsqu’on nous appellera dans un ordre précis pour rejoindre nos places attitrées dans le hall de méditation, elle soit juste avant ou après moi. Et j’entends : Carolina, Mélissa.
J’en tremble.
Je me lève et la suis donc, avec l’idée de lui demander confirmation.
Mais il pleut, elle marche donc vite et semble déjà concentrée. Puis, je suis timide. Je décide donc d’attendre la fin de la présentation et de lui poser la question avant d’aller nous coucher, puisque le premier jour de silence imposé serait le lendemain.
Dans le hall de méditation, je cherche l’étiquette avec mon nom, et me retrouve sur le coussin à côté d’elle.
La voix de S.N. Goenka retentit et nous fait prêter serment :
Durant toute la durée du stage…
Je ne tuerai aucun être vivant
Je ne volerai pas
Je ne mentirai pas
Je m’abstiendrai de toute activité sexuelle
Je ne consommerai aucune substance intoxicante
Et, surtout :
À partir de maintenant, je respecterai le Noble Silence (du corps, de la parole et de l’esprit).
Ah. Ça y est, je n’ai plus le droit de parler. Je vais donc passer les dix jours à me demander si Carolina est bien mon coup de cœur de Tauranga. Heureusement qu’on fait ça pour n’avoir aucune distraction, ça commence bien !
2. Le Déroulement
Le lendemain, le premier jour commence au son du Gong, à 4h. À 4:30, tout le monde est installé dans le hall ou dans sa chambre, selon sa préférence (vu qu’il fait encore Nuit et un peu froid, je resterai à chaque fois dans ma chambre, sous une couverture).
Jusqu’à 6:30, on suit donc les instructions données la veille au soir, en observant la respiration sans chercher à l’altérer. Autant te dire que j’ai piqué du nez plus d’une fois.
Vient ensuite la pause petit-déjeuner et temps libre jusqu’à 8h. Comme on ne peut rien emporter pour nous distraire (ni livre, ni matériel d’écriture, etc.), j’en profite pour faire un peu de yoga, puis me recoucher.
À 8h, c’est méditation de groupe dans le hall, jusqu’à 9h. Ensuite, selon les instructions de l’enseignant, on continue sur place avec lui, ou on peut retourner dans nos chambres si on le souhaite (ce que je préférais toujours, puisque plus confortable avec le mur contre lequel m’adosser).
On continue jusqu’à 11h, et le tant attendu déjeuner.
Cela peut sembler hors sujet, mais, vraiment, c’était le meilleur moment de la journée, celui que l’on attendait tou·te·s. La bouffe était vraiment INCROYABLE. Des plats végétariens super variés, avec option végane et sans gluten, et vraiment excellents.
Quand on sait que les personnes qui se chargent de la cuisine sont là bénévolement, on l’apprécie encore davantage.
Comme nous sommes libres jusqu’à 13h, petite balade en forêt, histoire de rendre visite aux fées, aux innombrables espèces de fougère, et à mon ami l’arbre à câlins. Il y a aussi des vers luisants nichés sur les parois rocheuses, mais on ne les voit qu’à la Nuit tombée. Puis une deuxième petite sieste, histoire de pouvoir se concentrer toute l’après-midi.
De 13 à 14:30, rebelote, méditation en autonomie. Puis, on se retrouve pour la méditation de groupe d’une heure, et de nouveau en autonomie jusqu’à 17h.
Vient alors la pause goûter avec seulement des fruits et du thé, qui se transformera pour moi en le moment le plus speed de la journée, puisque j’en profite pour faire du sport (dans ma chambre, pour ne déranger personne) pour me réchauffer avant de prendre ma douche à cette heure plutôt calme.
Puis à 18h, une nouvelle heure de méditation commune, précédant un peu plus d’une heure de discours. Ces discours (que j’écoute aux côtés de Carolina et de deux autres personnes dans le réfectoire traduits dans nos langues maternelles) sont les enseignements théoriques transmis et enregistrés par S.N. Goenka afin d’expliquer en profondeur ce qu’est Vipassana, son histoire et son application.
Puis on rejoint les autres dans le hall de méditation jusqu’à 21h.
De là, les personnes ayant des questions sont libres de rester et d’échanger publiquement avec l’enseignant. Mais après 10h de méditations débutées aux aurores, crois-moi que je ne m’attardais pas. À 21:07 j’étais généralement dans mon lit, et la journée s’achevait.
3. L’Enseignement
Il se divise en deux parties :
La théorie
On l’explore chaque soir durant les discours de S.N. Goenka.
Déjà, qui est ce fameux Goenka ? C’est lui qui est à l’origine de l’essor international de Vipassana.
VIpassana est une technique qui existe depuis des millénaires, mais qui a été redécouverte par Siddhārtha Gautama, dit le Bouddha. Il faut savoir que la dénomination de Bouddha peut réellement s’appliquer à tout être éveillé et complètement libéré. Il y a donc eu divers bouddhas à travers l’histoire — l’un des plus célèbres étant notamment Jésus de Nazareth — et il y en aura bien d’autres.
À 35 ans, Siddhārtha Gautama reçoit donc l’illumination, il réalise que nous sommes tou·te·s composé·e·s d’infimes particules, comme l’est l’ensemble de l’Univers, et que ces particules n’ont de cesse de mourir et de renaître, continuellement.
Une telle révélation, si elle est comprise et intégrée concrètement, peut être révolutionnaire pour la vie et le bien-être de tou·te·s.
Gautama se met donc à enseigner le Dhamma, la loi de l’Univers, et à partager la technique de Vipassana, qui est celle de la transformation de soi par l’observation de soi.
Chaque soir, donc, nous écoutons des enregistrements de S.N. Goenka, qui retransmet les enseignements du Bouddha.
Il précise d’ailleurs à maintes reprises que Vipassana n’est autre qu’une technique de méditation, et qu’elle n’est affiliée à aucune religion (elle n’a donc rien à voir avec le bouddhisme). Gautama lui-même ne souhaitait s’associer à aucune religion, il ne les condamnait pas, mais préférait privilégier la pratique pure et tangible de Vipassana.
C’est d’ailleurs pourquoi il nous est demandé de laisser de côté quelque pratique religieuse, spirituelle ou ésotérique que ce soit, afin de se libérer d’absolument toute distraction et de laisser une réelle chance à la technique.
On reçoit donc l’enseignement de sīla, la conduite morale, que l’on applique notamment en respectant les divers préceptes mentionnés au début. Elle sert de base pour le développement de samādhi, la concentration de l’esprit, que l’on travaille activement les quatre premiers jours. Puis vient paññā, la sagesse que l’on acquiert par l’expérience personnelle concrète.
Parce que c’est ça, Vipassana : intégrer la réalité de l’impermanence par l’expérience personnelle, non pas par simple intellectualisation ou confiance en la parole d’une personne. C’est un apprentissage pragmatique que l’on vit dans son propre corps.
La pratique
Pour ce faire, on commence par la pratique d’Anapana, qui consiste à observer sa respiration sans chercher à l’altérer, durant les quatre premiers jours. Bon, en théorie, on médite pendant 10 heures mais, en vrai, l’esprit vagabonde tout le temps. C’est normal, on l’accepte et on fait preuve de compassion envers soi-même. À chaque fois qu’on se rend compte d’avoir divagué, on réoriente simplement sa concentration vers la respiration, avec beaucoup de calme et de bienveillance. Puis, au fil des jours, on réduit la taille de la zone à observer et, ainsi, on entraîne son cerveau et on affute sa concentration.
Puis, le quatrième jour, une fois le tourbillon des pensées incessantes contrôlé par le mental un peu calmé, on peut réellement se lancer dans Vipassana. À partir de là, on doit faire au mieux pour rester complètement immobile durant les 3 heures de méditation commune dans le hall (qui, je le rappelle, sont réparties dans la journée).
La technique change ; après l’avoir entrainé à l’immobilité, on demande maintenant à l’esprit de parcourir tout le corps. Le but est alors d’observer et de prendre conscience de toutes les sensations, quelles qu’elles soient, sans y réagir.
Deux gros enseignements sont alors à tirer de cela :
Anicca
Tout est impermanent. Tout meurt et renaît continuellement, nous compris·es. C’est bien de le savoir, mais là, on le ressent. Les sensations, que ce soit des chatouillements, des douleurs, des vagues énergétiques ou autres, n’ont de cesse d’apparaître à un endroit, puis de disparaître. Elles peuvent alors revenir ou se déplacer, de façon totalement aléatoire, constamment. Elles sont à l’image de nos réalités, de nos personnalités, de nos vies.
L’Équanimité
Quelle que soit la sensation, agréable ou désagréable, intense ou légère, on se contente de l’observer. Pas de réaction, on devient simplement témoin de cette réalité qui évolue.
L’équanimité, Goenka la définit comme « Un esprit équilibré, libre de toute envie et de toute aversion ». Parce que, selon la pratique Vipassana, telles sont les deux principales sources de négativité et de souffrance.
Ce que la pratique vise à accomplir, c’est la purification de toutes les impuretés accumulées au fil du temps et ancrées en soi, les saṅkhāra. Goenka explique qu’à chaque fois qu’on réagit à une situation par de l’envie (qui peut se transformer en jalousie, en frustration ou en manque si on n’obtient pas ce que l’on souhaite), ou de l’aversion (qui peut générer de la colère, de la haine, de la rancœur), on programme son cerveau pour réagir de la même façon face à toute autre situation similaire. Et à chaque fois que cela se produit, les saṅkhāra s’ancrent d’autant plus profondément.
Lorsque l’on reste équanime face aux diverses sensations, que l’on se contente de les observer objectivement et de les laisser repartir puis renaître, puis repartir etc., on développe sa patience et s’enveloppe petit à petit d’une paix rassurante. Je sais que ce que je vis n’est que temporaire, à l’image des quatre saisons. Il ne sert à rien de chercher à m’accrocher au printemps, je peux simplement en profiter en sachant qu’il se terminera ; de même que l’hiver ne sera que passager, qu’il jouera son rôle et laissera de nouveau place au doux printemps.
Puis, après quelques jours à maintenir cette équanimité, ce sont les vieux saṅkhāra qui remontent, provoquant de nouvelles sensations et s’évacuant à leur tour.
Ainsi, de nombreuses personnes se voient alors libérées de douleurs qu’elles avaient cristallisées depuis plusieurs années sans en trouver la cause, et traversées par des vagues énergétiques des plus agréables.
On finit le stage par Mettā, la méditation d’amour et de compassion qui vient mettre un baume sur le travail intense pratiqué sur l’esprit. Elle vise à incarner la paix véritable, l’harmonie véritable, le véritable, et à le partager avec tous les êtres.
4. MON Vipassana
Bon, ça, c’est pour la plupart des gens. Et j’ai pu constater que le changement avait été révolutionnaire pour mes camarades qui partageaient leurs expériences le dernier jour.
Moi, j’ai vécu le truc à l’envers.
Quand on passe à Vipassana et à l’observation des sensations dans tous les corps, on n’est supposé ne ressentir que les plus grossières, comme la douleur due à l’immobilité, quelques chatouillements et éventuellement la respiration. Puis des sensations de plus en plus subtiles sont censées apparaître au fil des jours, jusqu’à ne (pratiquement) plus sentir que ces sensations subtiles et pouvoir scanner le corps entier en une seule vague énergétique.
Bah, moi, j’ai directement senti toutes les sensations subtiles, je baladais ma vague de chaleur dans tout le corps tranquillement. Puis, autour du sept ou huitième jour, quand tout le monde commençait à en arriver là, une douleur intense m’est apparue dans le dos, et a persisté jusqu’à une semaine après la fin de la retraite.
Un peu frustrant, du coup. Je sais que c’est parce que j’avais délogé des saṅkhāra profondément enfouis et que c’était donc un cadeau caché, ce n’était juste pas super agréable.
L’avant-dernier jour, j’ai tout de même eu une expérience des plus chouettes. Suite aux instructions du jour, je parvenais à faire passer mon attention d’une épaule à l’autre, en ressentant les sensations même à l’intérieur de ma poitrine. Je notais les particules qui se déplaçaient à mesure que mon esprit parcourait mon corps. À force d’entraînement, si j’avais continué ainsi, je sentais que j’aurais fini par pouvoir me téléporter. C’était extraordinaire.
Une autre chose que j’ai vécue différemment de la plupart, c’est l’absence de magie. J’avais dû m’engager à n’effectuer aucun rituel, aucune prière, affirmation, à n’emporter aucun jeu de carte ou cristal et, au bout de quelques jours, je me suis rendu compte que tout cela me manquait. Non pas par culpabilité ou dévotion à un culte en particulier, mais simplement parce que j’ai remarqué que j’étais de plus en plus triste.
Le silence, c’était cool, ça m’allait parfaitement. Mais toutes mes pratiques de développement personnel et autres rituels m’apportent une profonde joie. J’avais trouvé un équilibre qui me convenait, qui s’alignait aux appels de mon âme et s’adaptait à mes besoins et à mes envies quotidiennes. Et devoir me défaire de tous ces outils et ces habitudes laissait un petit vide. Heureusement que je pouvais aller me balader en forêt et parler aux fées et aux arbres, mais ça ne faisait pas tout.
Du coup, quand ma douleur dorsale s’est installée, après une semaine fatigante à me lever à 4h du matin et méditer 10h par jour, et qu’elle s’est ajoutée à cette petite tristesse causée par l’absence de magie, bah ça commençait un peu à tirer.
5. Ma Conclusion
Vipassana est un outil puissant qui peut aider énormément de monde et qui mérite d’être répandu. Il n’était pas celui qui me convenait le mieux à moi en particulier, parce que j’ai déjà tout un attirail de techniques, de pratiques et d’habitudes qui me satisfont et m’aident à maintenir équilibre et harmonie.
Mais pour une personne plus pragmatique, qui préfère ce qui est concret, terre-à-terre, cette technique est idéale. Il n’est pas nécessaire de croire en quoi que ce soit, juste d’observer ce qui se passe dans son propre corps et de rester équanime, tout en respectant des principes moraux simples visant au bien-être et à la bonne cohabitation de tou·te·s. C’est tout. Le reste se fait tout seul. Avec le temps, on apprend à rester équanime dans la vie, et on aborde alors toute nouvelle situation beaucoup plus sereinement.
Et, comme on a intégré la réalité d’Anicca par l’expérience, il devient plus facile de relativiser, d’être dans l’instant présent, sans chercher à anticiper l’avenir ou à s’attarder sur le passé. Et rien que cela suffit à s'incarner pleinement et à s’aligner aux synchronicités de l'instant présent, avec beaucoup plus de fluidité.
Ma conclusion est donc que, si cela t’intrigue, fonce. Je connais teeeeellement de personnes à qui cette expérience serait bénéfique !
Qui plus est, tout est basé sur le principe du partage le plus pur, puisque l’ensemble du staff permettant le bon déroulement des stages est bénévole, et que la participation est gratuite ! Les frais engendrés sont payés par des donations d’ancien·ne·s élèves dont la vie a été transformée et qui veulent participer à l’essor de Vipassana afin que d’autres puissent à leur tour en bénéficier. Il est d’ailleurs impossible d’effectuer une donation avant d’avoir au minimum terminé un stage de 10 jours et d’avoir par soi-même constaté les bienfaits de la technique.
Tout est fait avec beaucoup de bienveillance et de douceur. Le quatrième soir, j’ai par exemple eu la surprise de retrouver une infusion devant ma porte avec l’inscription « Dear M., tout ira bien ❤︎ ». La journée avait été longue et je me demandais sérieusement ce je faisais là. La manager m’a (le dernier jour) dit l’avoir senti et avoir voulu m’aider à tenir jusqu’au bout (d’où la petite attention).
La bienveillance, te dis-je.
La présence de tels centres (celui de Nouvelle Zélande étant en plus des plus confortables) est une réelle chance, et je ne peux qu’encourager quiconque en ressent l’appel à tenter l’expérience.
6. Bonus : le Point Potins
Bon, et si tu te demandes si Carolina était bien mon crush de Tauranga…
Comme l’Univers ne fait pas les choses à moitié, elle s’est avérée être logée dans la chambre juste à côté de la mienne (évidemment). Il semblait même que nos rythmes s’accordaient : je la croisais absolument partout durant les temps libres, nous faisions partie des seules personnes à immédiatement sortir méditer en extérieur lorsque le Soleil pointait le bout de son nez (nous étions en plein hiver). Je ressentais jusqu’à sa présence à chaque fois qu’elle entrait dans une pièce sans avoir besoin de lever le regard ou de sortir de ma cabine de douche pour vérifier.
Je ne te dis pas tous les films que je me suis montés… Avec 10h par jour à devoir méditer, j’ai eu de quoi distraire mon esprit.
Le deuxième jour, nos regards se sont croisés, et ma conviction concernant son identité s’est renforcée. Mais, lors d’une session en petit groupe avec l’enseignant, je l’ai entendue lui parler (lui et la manager étaient les deux seules personnes avec qui nous pouvions communiquer) et lui ai noté un fort accent qu’elle n’avait pas dans le café. Mince.
Mais tous mes doutes se sont envolés lorsqu’après une heure de méditation immobile, elle s’est étirée, dévoilant son bras gauche, couvert de tatouages marins. C’était bien elle.
Finalement, Carolina s’est convertie en mon expérience dans la matière d’Anicca et ma pratique concrète de l’équanimité :
Au début, je n’avais de cesse de penser à nos retrouvailles à la fin de la retraite, à idéaliser une vie ensemble, etc., à ressentir de la frustration de devoir attendre, de l’impatience. J’étais alors dans l’envie, j’anticipais et me créais 1000 scénarios.
Puis, au fil des jours et de la fatigue, j’ai cessé de l’idéaliser et j’ai commencé à remarquer des manies à elle qui me dérangeaient, puis à penser que finalement elle avait peut-être déjà quelqu’un, qu’il fallait que j’arrête de m’inventer un avenir. Et j’ai basculé du côté de l’aversion, à presque lui en vouloir d’avoir le copain que je lui imaginais et de si bruyamment trainer les pieds.
Il était vraiment intéressant de constater toute cette évolution qui n’était autre que la mise en application de tout ce que j’apprenais avec Goenka. Et à m’entrainer à rester équanime, à cesser de tergiverser autant et à m’incarner dans l’instant présent, tout simplement. À retrouver la paix et la sécurité que l’ici et maintenant apporte.
Quand vint le neuvième jour et qu’on nous annonça que l’on pouvait désormais communiquer, j’ai foncé dans la forêt. J’avais trouvé refuge dans le silence et voulais y rester encore un moment.
Puis je m’assieds à une table au Soleil pour le repas, et Carolina s’assied en face de moi, avec une amie à elle. La table se remplit et nous commençons à partager nos ressentis. Finalement, Carolina me regarde droit dans les yeux et me lance :
« Tu sais, tu as vraiment été mon roc ! Merci pour la force que tu m’as transmise, dès que ça n’allait pas, je te regardais et je puisais dans ton énergie ! Tu m’as vraiment inspirée, en plus on était toujours raccord à prendre le Soleil, je savais direct qu’on s’entendrait bien ! »
Bon, bah Mélissa, toujours direct, même devant une table remplie :
« Alors moi, pour le coup, tu as vraiment été ma distraction dès le départ ! Tu travailles bien dans un café végane à Tauranga ? (Elle acquiesce) Je t’y ai vue 3-4 jours avant de venir ici et j’avais eu un méga crush sur toi ! » J’ai ensuite raconté tout ce que j’avais détaillé plus haut, le message de Juliette et quand je l’avais reconnue, etc.
« Mais c’est dingue tous ces signes ! Et que l’Univers fasse en sorte de remettre sur ta route une personne avec qui tu aurais voulu entamer une amitié ! »
Le dénouement, c’est qu’en fait, il n’y a pas du tout d’alchimie qui passe entre nous et qu’en plus (comme j’avais commencé à le pressentir durant les derniers jours), elle a un mec de longue date, la Caro. Mais, avec le recul, c’est vraiment marrant de voir comme l’esprit se crée mondes et merveilles, d’autant plus quand les synchronicités viennent l’alimenter et qu’il a beaucoup de temps libre.
Voilà, c’était mon expérience Vipassana. Si cela t’a intrigué, je t’invite à faire tes recherches, il y a très certainement un centre dans ton pays.
Merci d’avoir revécu cette aventure un peu particulière avec moi.
✧ Mettā ✧
Vipassana. Que dire ?
Cela fait maintenant trois semaines que j’ai terminé cette retraite méditative, et je m’en remets encore. Je vais essayer de te retransmettre cette expérience comme je l’ai vécue moi, Mélissa, sous tous ses aspects.
Si tu es seulement intéressé·e par l’enseignement concret de Vipassana, je t’invite à passer directement à la troisième section et ainsi esquiver mes aventures et mon ressenti personnel !
Avant de partir, ce que je savais, c’est que j’allais devoir garder le silence durant une dizaine de jours et me lever à 4:30 du matin pour méditer dix heures durant dans un centre entouré de Nature.
J’avais, évidemment (si tu me connais), un petit espoir d’avoir des visions psychédéliques, d’entendre la voix de Gautama Bouddha ou tout autre maître·sse ascensionné·e, mais, à part ça, je ne savais pas tellement à quoi m’attendre.
Arrivée donc en fin de journée pour l’installation (encore bruyante) au centre, un petit repas de bienvenue et l’introduction au cours.